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Bagadoù : séduire les musiciens de demain

La cinquième catégorie illustre pleinement le concept d'intergénération porté par les Bagadoù, avec une volonté de jouer, de produire ensemble et, pour les plus anciens pratiquants, de transmettre en formant les jeunes pour propager la culture bretonne.

​Les groupes se multiplient. En Bretagne et ailleurs, jamais leur vitalité n'a été aussi importante. À tel point que des Bagadoù, disparus de certains territoires, renaissent de leurs cendres comme en Pays de la Mée, en Loire-Atlantique, où une quatrième tentative a été lancée en juin. Ici, comme dans n'importe quel groupe, il a d'abord fallu séduire les musiciens qui représenteront la scène traditionnelle de demain. Ils prendront la relève une fois formés par les encadrants bénévoles et enseignants professionnels.

Cette formation est réalisée par paliers sur plusieurs années, chaque enfant progressant à son rythme, c'est pourquoi les groupes recrutent les jeunes toute l'année pour assurer leur pérennité, même si les temps forts se préparent en septembre. À la rentrée, portes ouvertes et forums des associations sont incontournables pour aborder un public parfois timide qu'il faut savoir rassurer et convaincre.​

Des arguments au kilomètre​

Les responsables des groupes ne sont jamais à court d'arguments pour révéler au public la merveilleuse expérience qu'ils vivent collectivement dans la plus grande convivialité.

"Vous ne connaissez pas le solfège ? Vous apprendrez... En apprenant à jouer. Vous avez peur d'entrer seul dans un groupe et de vous sentir isolé ? Pas d'inquiétude : le Bagad n'est pas réservé aux initiés, vous vous y ferez des amis, et même un tas d'amis avec qui vous partagerez ce qui pourrait bien devenir la plus grande passion de votre vie. Vous pensez être trop petit ? Des cours d'éveil musical et de découverte musicale sont proposés dans les Bagadoù. Ce sont des instruments difficiles ? Pas du tout, on vous montrera comment vous y prendre."

Ils peuvent aussi mettre en avant le formidable atout de la pratique musicale collective, attesté par plusieurs scientifiques et chercheurs : elle favorise le développement des capacités cérébrales. Intégrée au cursus d'enseignement, c'est une clé de réussite scolaire, ce qui pousse l’Éducation Nationale à s'intéresser au phénomène et à envisager des classes nommées "Bagad".

 


Ce dossier évoque les dernières initiatives de Bagadoù, parfois originales, pour attirer les jeunes dans leurs rangs : celles de Concarneau au cœur du festival des Filets Bleus et de son large territoire, celles de Carhaix, Rhuys et Loctudy, en milieu scolaire, ou encore celle du Bagad ar Pluñv Paün, en Loire-Atlantique, en attente de subventions pour adhérer à Sonerion, bénéficier de sa formation et pouvoir participer aux concours...
Ce sont tous des exemples récents, mais non exhaustifs. Il en existe beaucoup d'autres au sein des 150 groupes de la fédération, dont la carte est publiée
ici, mais aussi chez les Bagadoù en passe de devenir adhérents. Ar Soner a aussi choisi d'allumer le phare en direction des perspectives de développement de la fédération Divroët pour les Bagadoù extérieurs et de recueillir des témoignages.

Bagad ar Pluñv Paün : case forum pour le nouveau-né

Après le forum des associations qui s'est déroulé à Châteaubriant, Ronan JÉGO-AQUILINA fait le bilan. Il a recueilli 16 pré-inscriptions, une très bonne opération pour un Bagad fraîchement sorti de l’œuf.

En juin 2019, au cœur du Pays de la Mée, il a créé le Bagad ar Pluñv Paün. Son nom fait référence à la plume de paon présente sur les armes du Seigneur Brient qui édifia une forteresse au début du XIe siècle, pour défendre la frontière des Marches de Bretagne. Le pays a déjà connu l'existence d'ensembles du même type, à Châteaubriant : un Bagad composé d'enfants, né à la fin des années 50, a cessé ses activités en 1960. Nouvelle tentative en 1982 par quelques sonneurs qui avaient poursuivi leur pratique musicale, au sein d'un Cercle Celtique. Un troisième acte est relevé dans les archives de la ville de 1993 à courant 2000. Le Bagad comptait 30 musiciens, effectuait une dizaine de prestations par an et participait aux concours de Sonerion au niveau départemental et régional jusqu'à disparaître à son tour.

Le bénévolat et la pratique amateur ne suffisent pas

En 2018, Ronan JÉGO-AQUILINA, professeur de Cornemuse écossais et musicien au Bagad Sonerien Bro Dreger à Perros-Guirec, dans les Côtes-d'Armor, s'installe dans la région de Châteaubriant après y avoir suivi une formation entre 2012 et 2016. Il y constate alors un important vivier de musiciens et de gros besoins en formation.

"Beaucoup de Bagadoù naissent et tentent au mieux de se former dans le département. Un projet est à construire et à développer pour la formation et l'encadrement de ces jeunes groupes. Ils font preuve d'un investissement important et permanent pour valoriser la culture musicale bretonne, malgré un manque évident de financements."

Il monte son projet après une rencontre avec Hamid ATTAF, à l'origine de la formation de 1993. D'anciens musiciens y adhèrent. Les statuts du nouveau Bagad sont déposés le 8 juin. L'objectif est de recruter 25 à 30 musiciens. Tous les niveaux sont acceptés, dès 7 ou 8 ans, jusqu'aux plus âgés pour qui, prévient-il, "plus que le souffle, la dextérité peut manquer". Pour lui, "le bénévolat et la pratique amateur ont leurs limites, elles ne peuvent suffire à former et à faire évoluer un Bagad jusqu'à rendre son activité pérenne". C'est pourquoi il souhaite s'entourer de formateurs professionnels mais décide de démarrer les cours à la rentrée, sans attendre, quel que soit le nombre d'inscrits. Ce sont 30 musiciens qui se présentent aux premiers cours d'octobre. Pari gagné.

"Nous n'avons aucun moyen financier pour le moment, nous ne pouvons donc pas bénéficier des enseignants de Sonerion Bro Naoned. En tant que professionnel salarié du département, j'y interviens à titre bénévole, comme les deux encadrants en Bombarde et Caisse Claire. Ce ne sont pas des professionnels mais ils ont une bonne expérience de formateur et musicien, tout en résidant près de Châteaubriant."

Le Bagad est en quête de subventions. La mairie de Châteaubriant lui a fourni un local pour ses répétitions. Des prestations sont envisagées suite à des contacts pris au forum des associations avec divers organisateurs d'événements. Le Bagad souhaite aussi plonger dans l'univers des concours de 5e catégorie de Sonerion. La formation sera mutualisée avec le Bagad de la commune toute proche de Soudan, Solzen ar Vro, dont Hamid ATTAF est aujourd'hui Président. Des stages et "Master Class" sont prévus pour débutants et confirmés.

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